J’ai porté mon regard sur les plages de mon enfance, la French Riviera et sa fureur d’été, les corps huilés et tatoués, la ferveur des instants voués à s’éclabousser, sauter, patauger. J’ai regardé la plage comme une pièce de théâtre et considéré chaque photo comme un tableau.
Photographier la plage, c’est partager soudain l’intimité d’une société, ses rituels estivales, les comportements, les gestes mille fois répétés.
Le corps dissimulé tout l’hiver se dévoile, respire, s’exprime, s’émancipe. On se rencontre les uns les autres, on s’observe, on s’épie.
Ce que l’on veut montrer ce que l’on veut cacher apparait au grand jour illuminé par les sunligtht.
La plage devient alors territoire d’observation que chacun s’approprie. Chacun crée son périmètre d’espace vital qu’il agence à son goût, qu’il investi de sa culture, ses habitudes, ses manies.
Même si des frontières invisibles séparent les transats bien alignés des plages privées, du territoire désordonné et coloré des plages publiques, enfants et adultes se livrent aux mêmes joies, aux mêmes excès.
Les rôles s’inversent, les valeurs intellectuelles et urbaines laissent place au règne de la liberté du mouvement et du corps.
La bouée rose devient le bien le plus convoité du moment.
Le temps d’un été, les corps et les esprits se délient et pétillent .
La plage devient poésie.